Les différentes formes de l’orthographe
- Le 28 novembre 2022
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Quiconque apprend ou même pratique la langue française depuis longtemps, sait que son orthographe regorge de règles, mais aussi d’exceptions. Il est fréquent de buter sur l’une ou l’autre qui, à première vue, n’a pas de logique. Pourquoi en effet les mots fille et ville ne se prononcent-ils pas de la même manière ? La complexité du français décourage encore des générations d’écoliers et l’on tente, faute d’en maîtriser l’essentiel, de donner plus de crédit à des évolutions que l’on sait rendre l’écriture plus facile. Ainsi, les accents ont récemment payé le prix d’un abandon des académiciens, dans certaines circonstances. La maîtrise de l’orthographe est pourtant essentielle. Elle démontre d’abord un intérêt sans conteste pour la langue et le respect de ses règles. Elle assoit également la phrase et lui donne une crédibilité indéniable. Celui qui sait écrire sans fautes est aujourd’hui digne d’intérêt. Mais au fait, qu’entend-on exactement par orthographe ? Petit tour d’horizon de cette discipline tant décriée.
Aux racines de la définition
Que l’on prenne l’un ou l’autre des dictionnaires, il y a consensus sur la définition du mot. L’orthographe constitue un ensemble de règles qui encadrent, pour une langue donnée, la transcription de phonèmes en signe d’écriture. Plus précisément, l’orthographe encadre également l’utilisation des majuscules, le découpage des syllabes ou encore l’utilisation de la ponctuation. On peut considérer que la discipline contient trois branches, complémentaires, auxquelles tout individu est confronté l’une après l’autre. Qu’il s’agisse d’un jeune enfant ou d’un adulte apprenant une langue, l’orthographe phonétique donne les bases de l’orthographe lexicale, avant que l’orthographe grammaticale ne permette la construction de phrases.
L’orthographe phonétique, ou l’art d’assembler les lettres pour prononcer un son
Il s’agit de la première forme d’orthographe rencontrée par les enfants. Une fois les lettres de l’alphabet maîtrisées individuellement, il s’agit d’apprendre comment leurs combinaisons produisent des sons différents. Un p et un a se prononcent pa tandis qu’un p et un o se prononcent po. Aussi basique que cette forme puisse paraître, elle est pourtant essentielle, car plus tard, savoir écrire, c’est aussi bien savoir écouter ce qui est prononcé. Les mots son et sonne ne se prononcent pas de la même manière, ce qui traduit le fait que l’un contient deux n alors que l’autre un seul. Cet apprentissage est long, car bien évidemment, le nombre de lettres dans l’alphabet multiplie le nombre de combinaisons des lettres entre elles et ce n’est qu’à force d’habitude qu’un enfant saura que certaines associations sont vaines, du moins dans le but de prononcer un mot dans une langue considérée. En français, on ne trouve pas de mot commençant par un n immédiatement suivi d’un b par exemple. Or, les particularités de prononciation de bon nombre de langues africaines font que cette combinaison y est courante, notamment pour les noms de famille.
Du phonème au mot, ou l’introduction de l’orthographe lexicale
Il faut plusieurs phonèmes pour constituer un mot. Il fallait donc une autre orthographe pour en fixer les règles. Également appelée orthographe d’usage, car la plus pratiquée, elle englobe les règles qui font un mot correct à partir d’une association de lettres. Si pour des mots basiques, l’orthographe phonétique pouvait suffire, on en comprend aisément les limites pour ne pas être obligé d’écrire de la même manière des mots dont la signification est radicalement différente. Exemple parlant, le mot seau. Il va de soi qu’écrire de la même manière le récipient contenant de l’eau, l’individu stupide et le cachet officiel entraîneraient d’inévitables quiproquos et il faudrait alors tenter de deviner le sens du mot selon son contexte. Cette forme d’orthographe pourrait paraître simple puisqu’un mot seul ne change jamais s’il est écrit hors contexte. L’orthographe lexicale ne s’occupe en rien des accords en genre et en nombre. On pourrait se dire qu’elle n’est affaire que de mémoire. Cependant, elle recèle des difficultés qui déroutent certains d’entre nous. Il s’agit par exemple des lettres muettes, insérées au milieu des autres, et qui ont très souvent une signification historique que peu connaissent. Pourquoi le chiffre 7 s’écrit-il avec un p alors que ses homonymes ne sont pas pléthore ? La réponse se trouve dans l’étymologie latine du mot et ses différentes transformations. Il faut parfois remonter très loin pour mieux comprendre la construction d’un mot. Et c’est bien ce qui fait la richesse d’une langue !
La place du mot dans la phrase, ou le rôle de l’orthographe grammaticale
La phrase est la construction aboutie du discours. Et comme elle naît de l’association de plusieurs mots, il fallait nécessairement qu’une forme de l’orthographe vienne en fixer les règles, au risque de rendre cette construction anarchique. C’est cette branche qui est souvent décriée et considérée comme versatile. Cependant, les règles se sont figées depuis plusieurs décennies et désormais, leur apprentissage révèle moins d’incohérences. L’orthographe grammaticale ou orthographe de contexte s’intéresse tout d’abord aux accords entre les mots afin que la phrase soit homogène. Il s’agit d’accords en genre et en nombre, qui peuvent être classiques (ajouter un s si le mot est pluriel, ajouter un e s’il est féminin) ou moins classiques (transformer un ail singulier en aux pluriel). À cela s’ajoutent les règles de ponctuation qui viennent rythmer la phrase, mais aussi en éclaircir le sens. Il en va de même pour les lettres majuscules, qu’elles se trouvent en début de phrase ou sur les noms propres. S’intéresser à l’orthographe grammaticale, c’est déjà se trouver aux frontières de la grammaire, mais c’est surtout pouvoir maîtriser son discours écrit et en montrer sa beauté.
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